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  • Agathe

Chronique : Elantris


Titre VF : Elantris

Titre VO : Elantris

Auteur : Brandon Sanderson

Langue : Français

Genre : Fantasy

Editeur : Le Livre de Poche

Parution : 2 Novembre 2017 (Nouvelle Edition)

Nombre de pages : 986

Lien Amazon :



Ma Note : 4,5/5

"Elantris. Un énorme bloc d'ébène. Le cadavre d'une ville."

"On est à Elantris, sule. De l'aide ? Ici, on ne trouve que la souffrance, la folie et beaucoup de boue."






   Il y a dix ans, la sublime cité d’Elantris, capitale de l’Arélon, a été frappée de malédiction. Ses portes sont désormais closes et nul ne sait ce qui se passe derrière ses murailles. Kae est devenue la première ville de l’Arélon. Quand la princesse Sarène y arrive pour épouser Raoden, l’héritier de la couronne, on lui apprend qu’il vient de mourir. Veuve d’un homme qu’elle n’a jamais vu, Sarène choisit pourtant de rester à la cour, et tente de percer le mystère d’Elantris…




   C’était l’un de mes objectifs de 2020 : lire du Brandon Sanderson. J’ai donc lu Elantris, et je peux vous assurer que ça ne sera pas le dernier livre de cet auteur que je lirais ! Tous les livres de Brandon Sanderson m’attirent, mais j’ai décidé de commencer par Elantris suite aux nombreux avis positifs que j’ai pu voir et parce que c’est un one-shot. Et on ne va pas se le cacher, parce que l’édition que je possède de Le Livre de Poche est magnifique (moi matérialiste ? Si peu…). La couverture a des illustrations colorisées des deux côtés et les trois cartes sont très bien réalisées. C’est rare de trouver des livres de poche avec un aussi beau travail éditorial.


  J’ai tout simplement adoré ma lecture. L’univers de ce livre est incroyable, on voit clairement que c’est de la fantasy adulte. Tout est très travaillé et bien construit. La religion a une énorme importance dans cet univers puisque l’intrigue repose en grande partie sur une guerre de religions insidieuse : les adeptes du Shu-Dereth, qui contrôlent déjà les trois-quarts du continent, veulent étendre leur influence sur l’Arélon et le Teod, derniers bastions du Shu-Korath.


   Notre intrigue se déroule en Arélon, près de la grande cité d’Elantris, dans la ville de Kae qui abrite désormais l’aristocratie du pays. Et ce pays va très mal. Après la chute d’Elantris dix ans plus tôt, le marchant Iadon a pris le pouvoir et s’est couronné roi. Il a offert des titres de noblesses aux plus riches et c’est sur ce système que repose toute leur hiérarchie et leur économie : les plus riches restent au pouvoir. Si un noble a le malheur de perdre sa fortune, il perd également ses titres. La société autrefois équilibré grâce à l’influence d’Elantris et de sa magie a été transformé en un système à la limite de l’esclave : les paysans autrefois indépendants doivent désormais travailler pour leur seigneur, qui les épuise à la tâche pour garder leur fortune.


   C’est dans ce contexte que nos personnages évoluent : on suit Raoden, fils de Iadon, Sarène, princesse du Téod, et Hrathen, prêtre haut gradé du Shu-Dereth. Si leurs chemins sont individuels au début, ils ne tardent pas à s’entrecroiser pour notre plus grand plaisir. Ce sont tous des meneurs à leur façon et chacun se bat pour défendre ses convictions.

J’ai beaucoup apprécié le personnage de Sarène. C’est une femme qui évolue dans le monde politique des hommes, qui doit s’imposer sans brusquer la fierté masculine au risque d’être repoussée. Elle est diablement intelligente et a clairement les capacités de faire tomber le pays en 48 heures si elle le désire. C’est cette esprit comploteur combiné à ses défauts que j’ai beaucoup aimé chez elle.

Et c’est l’un des points forts des personnages que nous décrit l’auteur : ils ne sont ni tout blanc, ni tout noir. Ils agissent en fonction de ce qu’ils pensent être le mieux, même si c’est parfois au détriment des autres. Les conséquences de leurs actes sont d’ailleurs l’un des grands intérêts de l’histoire. J’ai beaucoup aimé cet aspect de l’intrigue, essayer de deviner quelles seraient les conséquences des actes de l’un sur la vie des autres, et comment ceux-ci vont réagir face aux décisions prisent par les autres personnages. Les complots politiques sont menés de main de maitre et les retournements de situations m’ont souvent laissé sans voix. L’intrigue est difficilement prévisible sur certains points, et on s’attend vraiment à ce que tout dérape jusqu’à la fin.


   L’intrigue de ce livre repose principalement sur la dualité entre l’état et la religion. L’auteur met en opposition deux systèmes : un état gouvernemental, et un état-continent dirigé par la religion. Les pays républicains sont tombés face au Shu-Dereth, et rien ne semble pouvoir arrêter le Wyrn, serviteur suprême de Jadeth, Dieu du Shu-Dereth. Il y a une vraie réflexion dernière ces deux systèmes, et je ne peux pas en dire trop sans spoiler l’histoire, mais la critique de la religion que fait l’auteur est très intéressante. La situation peut être retranscrite à notre monde actuel, et je pense que c’était sans doute là le but. C’est pour moi le vrai intérêt de l’histoire, et la que la morale réside.

Je n’en dirais pas plus car je ne veux rien dévoiler de l’intrigue, mais n’hésitez pas à venir en parler avec moi, j’aimerais beaucoup comparer mon point de vu avec d’autres lecteurs !


   L’autre partie de l’intrigue concerne bien évidemment la cité d’Elantris. Cette ville autrefois ci belle, habitée d’êtres aux grands pouvoirs, est devenu un tombeau dégoutant. La « vie » y est extrêmement difficile : les Elantriens sont des morts ambulants qui ressentent la faim et la douleur jusqu’à devenir fous. Pourquoi la cité est-elle tombée ? Pourquoi la magie d’Elantris a-t-elle disparue ? Autant de questions sans réponses auxquelles le prince Raoden, exilé à Elantris, essaye de répondre. Cette partie nous permet d’explorer en profondeur la nature de l’Homme, et le potentiel que nous possédons tous si nous mettons de côté notre individualisme, notre avidité, notre animalité. Elantris nous amène vraiment à nous poser des questions sur nos sociétés modernes et nos manières de vivre.


   Je termine en vous parlant de la plume addictive de l’auteur. Son récit est fluide et très bien construit. Ça faisait longtemps que je n’avais pas trouvé cette qualité d’écriture dans un livre de fantasy. L’histoire est complexe mais très bien construite et immersive. Je n’ai pas trouvé qu’il y avait de longueur, et c’est sans doute grâce à l’alternance des points de vue à chaque chapitre. Il se passe toujours quelque chose, et même quand on a l’impression qu’il ne se passe rien, un petit détail souvent insignifiant est un indice pour la suite de l’intrigue. Les 150 dernières pages sont vraiment prenantes. Pour ma part je les ai enchainées sans pause, impossible de poser le bouquin !! C’était vraiment un plaisir à lire. La taille du livre me faisait un peu peur au début (980 pages quand même), mais ça se lit très vite et très bien.



   Ce livre frôle le coup de cœur, mais la fin manquait d’un petit quelque chose en plus pour moi. On a les réponses à nos questions, mais d’autres apparaissent dans le dernier chapitre et restent malheureusement sans réponse. Je pense que j’aurais souhaité une fin moins ouverte que celle que nous donne l’auteur. Également, il nous parle de la place de la femme dans la société, mais pas de celle de sa place dans la religion, ce que j’ai trouvé dommage. Peut-être n’en a telle aucune, pour finir le parallèle qu’il fait avec notre monde moderne.


Malgré ce petit bémol, j’ai énormément apprécié ce livre. C’est une belle introduction dans l’œuvre de Brandon Sanderson. Je compte bien découvrir ses autres univers très bientôt, et particulièrement celui de Fils des Brumes ! ✩

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